Angels in America

Pièce de Tony Kushner

Traduction de Pierre Laville

Mise en scène de Philippe Saire

Avec Adrien Barazzone, Valeria Bertolotto, Pierre-Antoine Dubey, Joëlle Fontannaz, Roland Gervet, Jonathan Axel Gomis et Baptiste Morisod

Production de la Cie Philippe Saire

Vue à la Comédie de Genève le 18 janvier 2020

Le drame du SIDA dans l’Amérique des années 80

Cette pièce écrite par Tony Kushner a été récompensée par le prix Sullizer dans la catégorie théâtre en 1993. Elle fait à présent partie des classiques, et elle est même montée à la Comédie Française cette saison. Ici elle est mise en scène par Philippe Saire, chorégraphe romand qui s’essaie au théâtre pour la première fois.

Dans les années 80, les milieux homosexuels américains sont fortement touchés par le SIDA. On va suivre les destins croisés de cinq new yorkais gays dans l’Amérique dévastée par cette nouvelle maladie. On découvre les difficultés de la communauté homosexuelle sur fond de politique républicaine. Aux histoires réelles des personnages se mêlent hallucinations et surnaturel.

L’originalité de cette mise en scène provient de la chorégraphie. Les corps bougent et s’entremêlent, en particulier lors des relations conflictuelles ou amoureuses. Les comédiens dialoguent tout en dansant. Ces mouvements donnent du rythme à la pièce, ils permettent aussi d’occuper l’espace et le temps. Car la pièce est longue, elle dure deux et demie – elle a pourtant était raccourcie dans cette version – mais on ne s’ennuie pas. 

Les scènes se succèdent rapidement. Parfois deux scènes se jouent simultanément. Les comédiens mettent en place des décors épurés dans les tons noir et blanc. Les hommes jouent des rôles de femmes, les femmes jouent des rôles d’hommes. Tous ces éléments contribuent à donner de la vivacité et du punch au spectacle.

Deux comédiens m’ont particulièrement impressionnée: Pierre-Antoine Dubey dans le rôle de Prior et Roland Gervet qui alterne cruauté, quand il est Roy Cohn, et compassion quand il joue la mère de Joe. En revanche le jeu de Joëlle Fontannaz m’a laissée sceptique. J’imagine que c’est dû à son rôle de femme dépressive et shootée au Valium.

C’est une pièce virulente qui interpelle, c’est aussi le témoignage d’une époque qu’on espère révolue. Difficile de se reconnaitre dans cette Amérique des années 80. Pourtant la politique de Trump n’est pas très différente de celle de Reagan, l’homosexualité est encore condamnée dans beaucoup de pays et le SIDA tue encore en 2020.

Mon appréciation :
4/5

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