Pièce en plastique

Texte de Marius Von Mayenburg

Traduction de Mathilde Sobottke

Mise en scène de Daniel Wolf et Roland Vouilloz

Avec Mauro Bellucci, Bastien Blanchard, Caroline Gasser, Mariama Sylla et Roland Vouilloz

Vu au Théâtre Alchimic le 19 février 2020

Mary Poppins des temps modernes

Jessica Schmidt est engagée dans une famille pour s’occuper de la maison, de la cuisine et de l’enfant de 14 ans, Vincent, car ses parents sont dépassés. Michael, le père, chirurgien, est dominé par son épouse Aurélie, elle-même employée comme assistante d’un célèbre artiste. Ce dernier, Serge Haulupa, est un personnage décalé et plutôt imbu de lui-même.

Les nombreux thèmes de société abordés en font une pièce d’actualité : le couple, la sexualité, l’éducation, les rapports sociaux, le pouvoir de l’argent, l’audace de l’art. Les comédiens alternent dialogues et moments où ils s’adressent au public comme pour prendre les spectateurs à témoins de leur infortune. Le texte est acide et plein d’humour, les répliques sont piquantes, les personnages sont excessifs et caricaturaux. Vincent est mal dans sa peau, Michael est plutôt looser, Aurélie est exaspérante et tient des propos gênants, Serge est complément allumé.

Jessica va permettre à chacun de se révéler. Le superpouvoir de cette Mary Poppins des temps modernes est l’écoute. Elle va porter son attention sur Vincent que ses parents ne voient pas, réconforter Michael en acceptant de le prendre dans ses bras, elle sera la confidente d’Aurélie qui lui raconte ses problèmes conjugaux, elle servira de muse à Serge. Au départ soumise et effacée, elle fera sa place en douceur.

La scénographie est très réussie et intègre des projections sur de grands rideaux blancs circulaires qui entourent la scène. Si les projections sont assez courantes dans le théâtre contemporain, ici elles se font en live. C’est l’effet performance de l’artiste Serge Haulupa. Les comédiens se filment à l’aide d’un smartphone et projettent leurs images vidéo en direct. Cela donne même des cascades d’images à l’infini lorsqu’ils sont filmés devant les écrans géants. Une performance avec un rendu très spontané, un spectacle dans le spectacle.

Finalement Serge nous rappelle que nous sommes spectateurs et que les comédiens sur scène sont en représentation : nous sommes bien au théâtre ! Du théâtre créatif et plaisant.

Mon appréciation :
4/5

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