Pièce de Roland Schimmelpfennig
Traduction de Hélène Mauler et René Zahnd
Mise en scène de Robert Sandoz
Avec Samuel Churin, Camille Figuereo, Joan Mompart, Brigitte Rosset et Christian Scheidt
Production de L’outil de la ressemblance
Vue au Théâtre du Loup le 11 janvier 2020
L'Eldorado qui vire au cauchemar
Cette pièce créée en 2009 par l’auteur allemand Roland Schimmelpfennig, se déroule dans l’immeuble d’un fast-food asiatique. On y rencontre les cinq employés immigrés qui travaillent sous la pression et divers clients du restaurant et habitants du bâtiment qui font des vas et viens. Parmi les différents personnages on trouve :
- un jeune chinois qui travaille au noir et souffre d’une rage de dent
- un mari trompé et soul que sa femme va quitter
- un grand-père qui n’accepte pas de vieillir
- une jeune femme enceinte dont le compagnon ne veut pas du bébé
- un épicier proxénète
- une jeune chinoise qui se prostitue pour survivre et qui ne peut échapper à sa situation
- des hôtesses de l’air qui se contentent de peu
Tous sont au désespoir, certains survivent et d’autres n’y arrivent même pas.
Cinq comédiens se relaient pour jouer une vingtaine de personnages. Les rôles féminins sont souvent joués par les trois hommes tandis que les deux actrices endossent le plus souvent des rôles masculins. Afin de ne pas perdre les spectateurs, les comédiens situent leur propre personnage au début des premières scènes. Puis on arrive rapidement à suivre. Pourtant cela va vite, très vite. Les comédiens changent de rôle et de tenue à vive allure, les tableaux défilent. Les scènes du dragon d’or sont agitées, le stress des employés est bien rendu.
L’auteur aborde de nombreux thèmes de préoccupation de notre société occidentale comme la vie de couple, l’indifférence, la vieillesse, l’immigration, la clandestinité, l’avarice, le sexe, ou la violence. Certains personnages nous font pitié, ou nous dégoutent, mais heureusement d’autres nous font rire. Si ces sujets peuvent être dramatiques, ils sont traités avec modernité et humour et on ne ressort pas de là abattu. Il y aurait pourtant de quoi. On se demande tout de même quelle place on réserve aux immigrés dans notre société.
Un bon spectacle très rythmé, même si j’ai moins aimé les moments surnaturels que je trouvais de trop.