Trop courte des jambes

Texte de Katja Brunner

Traduction de Henri Christophe

Mise en scène de Manon Krüttli

Avec Jeanne De Mont, Aurélien Gschwind, Bastien Semenzato et Nora Steinig

Vue au Poche-GVE le 2 décembre 2019

Pas facile de parler d’inceste et de pédophilie

Cette pièce, écrite par une jeune auteure suisse-allemande, traite d’inceste et de pédophilie. Elle commence par une partie de cache-cache sur une musique sud-américaine endiablée qui laisse présager d’un spectacle animé. Puis les quatre comédiens prennent la parole, à tour de rôle ou à plusieurs. Ils portent des costumes similaires, ils sont interchangeables, et ils se partagent les rôles : chacun joue la mère, le père ou la fille.

La première scène décrit l’accouchement de la mère, façon gore avec des détails crus et des descriptions sanguinolentes. On suit ensuite la relation fille-père, une relation ambiguë. La frontière entre amour tendre – permis – et amour charnel – interdit – est floue. On sent toute la famille perdue dans cette situation. La pièce devient de plus en plus sombre et se termine comme elle a débuté, par une scène d’accouchement  Un langage gore et macabre encore une fois.

Les comédiens récitent leur texte plus qu’ils ne le jouent. Cette mise en scène contribue à dépersonnaliser le récit et en faire une histoire abstraite, ce qui est une bonne chose vu le sujet scabreux. Le texte est cérébral et bien écrit, mais il est très dense. La pièce est donc difficile à suivre et à comprendre. Ceci d’autant plus que les comédiens changent régulièrement de personnages. On met parfois un moment avant de comprendre quel personnage s’exprime. Cela apporte une confusion qui encore une fois contribue à rendre le récit peu authentique. Mais cela tend également à montrer que la situation est compliquée. Cette complexité serait-elle une raison pour expliquer cette dérive familiale ? On peut se demander si l’auteure ne cherche pas à trouver des excuses au comportement des membres de cette famille.

Je trouve les costumes et le décor très laids. Ce dernier me fait penser un cocon. Pas un cocon cosy et chaleureux, mais un cocon familial clos et repoussant où les personnages ressemblent à des larves de chenilles. Donc plutôt bien trouvé pour exprimer l’aversion.

Cette pièce ne laisse pas indifférent, elle dérange. Difficile de dire si je l’ai vraiment appréciée tant j’ai ressenti un profond malaise et du dégoût. Je me console en me disant que le but recherché par l’auteure a probablement été atteint.

Mon appréciation :
2.5/5

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